Miracle vous avez dit miracle

On a deux vies, et la deuxième commence quand on se rend compte qu'on n'en a qu'une

Confucius

Aujourd’hui, on y va à fond dans un épisode de ma vie, qui a été des plus, comment dire... inattendus.

 

En juillet 2010, j’ai eu le droit d’obtenir un nouveau qualificatif, après être ; une humaine, une femme, une fille, une sœur, une amie etc… je suis devenue une survivante, ou une miraculée, prenez le terme que vous préférez.

 

Je plante le décor.

Nous étions avec un ami, dans une balade en moto, en hommage d’ailleurs à un autre ami décédé (dans un accident de moto).

Il faisait beau, et nous roulions en bande de motards. Sur le trajet, en direction d’une célèbre usine de bonbon à Nîmes, nous devions traverser un pont,

le pont Saint Nicolas.

 

Nous ne l’avons jamais traversé, suite à un problème, qui ne l’incombait pas (et sur lequel je ne souhaite pas donner plus de détails), mon pilote a percuté le rebord du pont et nous avons été éjectés. Tandis que la moto était restée en haut, nous nous sommes fracassés en bas, 6 à 8 mètres de chute « libre », en ayant été à faible allure, et heureusement, sinon le résultat aurait pu être encore plus violent.

 

Les secours nous ont pris en charge très rapidement, j’avoue ne pas m’en souvenir, car j’étais totalement dans les vapes.

Je me suis réveillée une première fois à l’hôpital dans la machine à IRM, puis je suis très vite repartie dans les bras de Morphée, et finalement, dans un lit au service des urgences.

 

Le réveil a été douloureux dans tous les sens du terme. J’avais mal partout, des cheveux à la pointe des pieds, je ne savais pas très bien où j’étais ni même ce qui s’était passé. J’étais entourée d’inconnus, qui me répétait « ne vous inquiétez pas ça va aller ». Mais de quoi ?? Que s’était-il passé ? Où était mon ami ? Et les questions ne faisaient que commencer…

 

J’interpellais les infirmières, qui me répondaient à chaque fois : « Le docteur va venir vous voir », oui mais quand ??? J’ai tellement mal.

 

Un besoin naturel s’est fait sentir, j’ai demandé à une infirmière s’il était possible d’aller aux toilettes. Je me souviendrais toujours de son regard, un mélange de compassion et de gêne.

Elle m’a fait patienter un instant, puis est revenue, avec un objet dans lequel je devais faire pipi… « Heu attendez, j’aimerais y aller seule, merci ».

Sa réponse, sans plus de précision : « Vous ne pouvez pas vous lever ». J’avais mal oui, mais je me sentais capable de marcher. Je lui ai demandé pourquoi, elle m’a, à nouveau, sorti la rengaine, faut attendre le docteur.

 

Un stress énorme m’a envahi, au point que j’en ai fait de la tachycardie.

La visite d’amis, exceptionnellement autorisés à venir me voir, n’a rien arrangé.

Ils les avaient laissés rentrer, pour me soutenir et me faire du bien, mais en les voyants arriver pleins de larmes, ça m’a terrorisé. Je n’ai rien dit, mais mon sang bouillonnait.

Ils m’ont rassuré sur le cas de mon ami-pilote, il était en vie, et allait à peu près bien. Il avait des bleues etc., mais rien de grave… un miraculé lui aussi.

 

Cela étant dit, je ne savais toujours pas ce qu’il en était pour moi.

J’étais dans l’attente d’une nouvelle, qui pouvait être soit pas trop bonne, soit catastrophique.

 

Arrivée du docteur (enfin !!!!), il m’explique que je reviens de loin, c’est lui le premier qui a employé ce mot de « miraculé ».

 

Diagnostic :

- Luxation de l’épaule gauche

- Pneumothorax

- Quadruple fractures du bassin, ce qui expliquait le faite que je ne puisse pas me lever ni marcher.

Heureusement, ma colonne n’était pas touchée, ni mon crâne.

Je ne me remercierais jamais assez d’avoir été équipée correctement de la tête au pied (casque, blouson, gant, pantalon renforcé, chaussure de moto)

 

Résultat : 6 semaines alitées, puis plusieurs semaines pour réapprendre à marcher.

 

J’ai été transférée dans un centre de rééducation non loin de chez moi.

Ce qui m’a permis d’être proche de mes amis, et de ma maman.

Ma mère qui a été d’ailleurs d’une dévotion et d’un courage à toutes épreuves, il n’y a pas eu un jour sans qu’elle vienne me voir, me faire à manger, parfois même des soins.

C’est grâce à elle surtout, et aux amis qui m’ont entourés dans cette période, que j’ai réussi à passer le cap.

 

Un jour après l’autre, un pas après l’autre, je m’en suis sortie, physiquement. De séances de kiné, au séjour dans la piscine, quelques sessions d’électrothérapie, le 20 septembre 2010, de mon lit sans bouger je suis passée au fauteuil roulant, puis finalement aux barres parallèles, et j’ai recommencé à marcher.

Une fierté, une joie, une libération…

 

Côté psychologique par contre … c’est une autre histoire.

 

J’ai mis très longtemps à m’en remettre, souvent on me pose la question « referas-tu de la moto ? »

Pour être franche, je n’ai pas eu le temps d’avoir peur, donc dans l’absolu, je pourrais, mais ce dont j’ai pris conscience, c’est des conséquences de l’accident et pour cette raison, je ne pense pas que je voudrais prendre le risque d’en refaire.

 

Pendant, les mois qui ont suivi l’accident, et après avoir repris une vie normale, travail, ami, etc… j’étais encore traumatisée, je m’en étais sortie, oui c’est vrai, mais il y avait une colère en moi. J’étais en colère contre la vie, qui pourtant m’avait offert une seconde chance.

Je voyais non pas cette chance justement, mais uniquement que encore une fois, on m’avait fait traverser des moments pénibles. Encore une fois !!!

Je me suis longtemps posé cette question, pourquoi moi ?

Evidemment sans vraiment trouver de réponse, parce qu’il n’y en a pas.

 

C’est la vie, avec ses hauts et ses bas, et je dois m’y faire, il faut accepter, quoi qu’il m’arrive. Pour mieux avancer, pour devenir meilleur, pour grandir, et … guérir.

 

Cette expérience m’a finalement apporté de grandes choses, car elle m’a fait découvrir ; combien j’étais forte et tenace pour avoir enduré tout cela sans jamais baisser les bras.

Combien j’étais courageuse. Et combien j’étais aimée, par tous ces gens qui ne m’ont jamais laissé tomber.

 

Alors oui, ça a mis du temps, parce que l’on ne ressort pas indemne d’un tel accident, dans notre corps ou notre tête.

Mais j’ai appris une chose essentielle, j’ai appris à relativiser, mes petits bobos, chagrins, disputes, sont tous devenus d’un coup, moins important, j’ai compris qu’ils peuvent faire mal, parce que j’autorise cette douleur. Et qu’ils ne sont graves, que parce que je pense qu’ils le sont. Que rien n’est irréversible, mise à part, la mort.

 

N’attendez pas que la vie vous bouscule pour apprendre que non seulement, elle est unique mais qu’en plus, elle sera merveilleuse si vous le décidez.

 

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